Pour Gaëlle ma nièce, concernée...
Le défi des parents se réveille à chaque rentrée scolaire, celui d’inscrire leurs enfants à l’école et de les y maintenir.
On parle beaucoup du coût de la rentrée, qui n’est pas mince quand on veut, pour mieux encourager nos petites têtes blondes, les équiper de la tête aux pieds d’accessoires tout neufs. Eu égard à cette charge, nos gouvernants tentent de diminuer les coûts de l’éducation, en instaurant, comme en certains pays d’Afrique, la gratuité de l’école primaire. Au cours des dix dernières années, des innovations ont réduit le nombre de laissés pour compte, comme au Kenya, où les élèves ont bénéficié de la distribution gratuite d’uniformes.
Ces belles initiatives ne garantissent pas la présence à l’école des enfants pourtant inscrits, ni la qualité de l’enseignement. L’absentéisme des enfants reste importante, pour s’élever parfois jusqu’à 50 % des élèves. Le réduction des coûts n’est pas la panacée. On a pensé, par ailleurs, à conserver l’état de santé des enfants, par un apport complémentaire d’oligo-éléments indispensables.
Le fait de se rendre à l’école ne garantit pas l’instruction. Élargissons
notre regard. Une enquête a révélé que l’Inde en est un exemple frappant. Pour améliorer la qualité de l’enseignement, on s’efforce à améliorer les manuels, aujourd’hui énormément plus attractifs que jadis, ou de réduire le nombre d’élèves par classe, ceci afin d’éviter le sentiment de dilution qu’on peut éprouver quand on est 40 !
Plusieurs tentatives aléatoires se sont montrées vaines, inadaptées aux programmes scolaires, en certains endroits hérités de l’époque coloniale, où l’école servait à former une élite locale. Ainsi, au Kenya, la distribution de livres présentés en anglais —troisième langue !—, n’a profité qu’aux élèves de niveau élevé, alors que le soutien scolaire d’apprentissage de la lecture en Inde s’est révélé extrêmement efficace. Le succès est dû à la fois à la pédagogie, mieux adaptée aux besoins des élèves, et à la motivation des enseignants ou bénévoles participants.
On sait, pour l’avoir observé maintes fois, que le manque de motivation des enseignants, qui s’exprime par un absentéisme généralisé, n’est pas innocent, loin s’en faut, dans le constat que l’on fait des échecs scolaires. Ceci explique l’attribution aux enseignants des primes proportionnelles aux résultats des élèves. Les progrès, dans certains pays, ne se sont pas fait attendre, bien qu’aux USA de telles primes ont entraîné des tricheries dans la programmation des examens. Tandis qu’au Rajasthan les primes accordées selon l’assiduité des enseignants ont durablement diminué leur absentéisme, et par voie de conséquence ont entraîné une nette amélioration des résultats scolaires de leurs élèves. Ceci implique la supervision des instituteurs que l’on peut confier aux parents, qui comprendront très vite qu’ils sont les premiers bénéficiaires d’une diminution de l’absentéisme.
L’économiste française Esther Duflo, intégrée à l’organisme américain chargé de conseiller le président Obama sur les questions de développement, prône une autre réforme, qui consiste à privatiser le système éducatif, au moyen d’une inscription gratuite dans une école privée. Les résultats de l’expérience sont là, manifestés par l’augmentation des élèves terminant leurs études secondaires. Cependant, ce résultat ne constitue pas un théorème. Un système plus généralisé aura-t-il les mêmes effets ?
Dans tous les cas, une participation effective des parents, dans le partage de l’apprentissage des enfants, dans un relation coopérative avec les enseignants, dans l’implication à la compétition entre les établissements, ne peut qu’améliorer les résultats.
Les besoins et les motivations des parents seront dès lors mieux compris, ainsi que ceux des enseignants et des enfants. Des initiatives proposées aux enseignants, la mise en place de pédagogies adaptées aux besoins des enfants se sont révélées particulièrement efficaces.
Il reste qu’en dépit de pistes nouvelles, Esther Duflo concède que nous ignorons encore le mode d’organisation du système scolaire qui répondra aux besoins de chacun de ces trois acteurs. Ce domaine de recherche, fertile, relève davantage, d’après elle, de l’économie politique que de la politique éducative proprement dite.
À mon sens les deux sont imbriquées.
Gérard LEROY, le 1er septembre 2015