Pour Bernard Schürr en hommage amical
Jusqu’où ira le Kremlin ? C’est une question parmi celles qui nous préoccupent. Le poutinisme ira jusqu’à ce que notre faiblesse lui permettra d’aller.
Sur quoi fonde-t-il sa posture ? V. Poutine nous éclaire en s’appuyant sur la conduite de Pierre 1er de Russie : « Pierre Le Grand n’a jamais agressé ses voisins. Il n’a fait que prendre ce qui lui était dû. » Dans la même perspective Poutine veut réunir les 3 arches saintes : la Biélorussie, l’Ukraine, la Russie. Et plus si affinités ! À comparer avec l’Iran qui veut rétablir l’empire perse, de Téhéran à Beyrouth. L’homme est un p’tit soldat. En quête de conquêtes !
Le régime du Kremlin, lui, est maffieux. Dont le chef est Vladimir Poutine. Ses sbires occupent fièrement la grande bâtisse du FSB. Ce régime est maffieux à l’origine, dans sa construction liée aux services secrets, dans sa conception.
Ce système maffieux à l’origine est entré depuis 2022 dans la construction d’un système fasciste au sens propre. C’est-à-dire un système ayant pour caractéristiques le personnage unique au pouvoir, le culte de la personnalité, l’absence d’élections, l’assassinat des opposants, la militarisation de l’école, la propagande active, les déplacements de populations, les médias aux ordres du pouvoir. Tous les services sont concentrés pour servir le Tsar, chef des maffieux qui galvanise ceux qu’il soumet comme « une seule famille », visant la purification du clan. Ceux qui n’y rentrent pas sont des traitres.
Ce système a une âme. Satanique. C’est le mensonge. Puissant par le cynisme. Le mensonge détruit le système par son venin de l’intérieur. Parce qu’il détruit les règles de vie en société qui s’appuient sur la confiance, la capacité d’entreprendre, l’altérité, la justice, l’efficacité.
Les régimes fascistes ont besoin de la guerre. C’est constitutif de leur fonctionnement, de leur vision du monde où il y a des dominants et des dominés. Mussolini a envahi l’Ethiopie, comme l’union soviétique a envahi la Pologne, les pays baltes, la Finlande. Hitler n’en parlons pas.
Les fascistes sont sourds, fermés à double-tour. Plus ils ferment les écoutilles, comme Poutine après avoir été informé par les services américains d’une menace d’attentat le 22/3, plus ils renforcent un monde clos, paranoïaque, menacé, donc victime
Et plus ils déresponsabilisent. La peur monte. Le pouvoir commande par la peur. Jusqu’à hypnotiser. La terreur est installée.
Le fascisme poutiniste est perçu comme un accident trop loin de notre jardin pour qu’il nous concerne. « Il n’est pas exclu que des troupes de l’Otan soient envoyées en Ukraine ». Du narratif, certes. Mais ce discours est celui de la fermeté que le Tsar n’attendait pas, lui qui compte sur notre faiblesse légendaire.
La fabrique des collabos est en marche. Nous nous pressons derrière les politiques déclassés, cette sorte de Lumpen intelligentsia à la dérive, l’extrémisme, pour lequel le problème a sa solution. « Moi, président, je mets fin à la guerre en Ukraine en 24 h ». Le cow-boy magicien élève le crétinisme à la transcendance.
Ce qui domine aujourd’hui c’est l’ignorance crasse du monde extérieur, tout cela camouflé derrière les discours enjôleurs des extrémistes. La raison s’abîme dans la gélatine. Plus de pensée, plus d’analyses. Le fond ne pouvant s’exprimer que sous la forme « ultra », la forme devient le principal constituant du fond.
Le débat se transforme en un rassemblement d’affidés autour d’un chef de clan qui savoure les allégeances obséquieuses du haut de son donjon.
Gérard Leroy, le 4 avril 2024