Pour Edwige, avec mon affection

   Toute femme expérimente le miracle à chaque naissance d’un enfant. C’est ce que le Christ évoque en conversant avec ses disciples, évoquant une expérience que le sexe masculin ignore. Le Christ reprend deux étapes successives : la souffrance de l’enfantement, et l’exultation qui suit immédiatement pour esquisser ce que sera l’angoisse des jours de Sa passion débouchant sur la joie de Sa Résurrection.

Cette surabondance de vie, Marie l’a perçue dans l’éclair de l’Annonciation ; de même Elisabeth, recevant sa cousine venue la visiter.

C’est ce jaillissement de vie, que Jésus annonce à cette femme interpellée près d’un puits, et qui vient comme chaque jour, sur le coup de midi, puiser l’eau. Le dialogue s’amorce, un dialogue improbable, entre une Samaritaine et un Galiléen, lequel demande de l’eau à cette femme, « donne-moi à boire ». Le ton, les mots, l’attitude même de Jésus qui lui demandait à boire, sont loin de ce qu’elle pouvait attendre d’un étranger, d’un non-Samaritain probablement, donc de quelqu’un qui éveille la méfiance plutôt que la confiance. « Comment, toi qui es juif, tu demandes à boire à moi, Samaritaine ? » Ils causèrent. De l’eau qui fait vivre.

La femme pensa soudain qu’elle avait devant elle le « Ta’eb », c’est-à-dire le Messie, tant attendu par Israël. Elle lui confia : « Je sais que le Messie doit venir ». « C’est moi qui te parle », lui répondit Jésus. La femme laissa là sa cruche et courut en ville avertir les autres de la rencontre qu’elle venait de faire, du délire qu’elle venait de vivre.

Au soir de la mort de Jésus sur la Croix, Madeleine et Marie, la mère de Jésus, restèrent là un bon moment, prostrées devant la porte du tombeau refermée, derrière laquelle reposait désormais le corps de celui en qui elles avaient mis toute leur confiance. Madeleine et Marie, accroupies, côte-à-côte, unies dans la détresse, sanglotaient toutes deux en silence. Revinrent alors en leur mémoire toutes les paroles que leur avait dites Jésus, et commencèrent à comprendre...

Au lendemain de Pâques, c’est encore par un dialogue à la mesure de l’amour humain que le Christ se révèle. Marie Madeleine aperçoit un homme qu’elle ne reconnaissait pas. « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » « Jésus lui dit alors : « Marie ! » La voilà interpellée par son propre nom ! Marie Madeleine reconnaît alors celui qui l’appelle par son nom. Elle se retourne et lui dit « Rabbouni ! »

Matthieu raconte que le Christ « vint Lui-même à la rencontre des femmes » ; il leur dit « Je vous salue ». La Résurrection, c’est la manifestation révélatrice de l’identité impérissable de Dieu qui étreint dans ses bras (embrasse) tout le genre humain.

 

Gérard Leroy, le 16 juillet 2021