Être juive au temps de Jésus

Pour Françoise Ormières, en hommage amical

   Autant le dire d’emblée : la place de la femme dans la société juive de l’Antiquité n’est guère enviable.

La société à l’origine est matriarcale. La parenté se détermine par la mère dans la civilisation de petite culture. Le nom du nouveau-né est généralement choisi par la mère (1). La société change, et au Xe siècle, dans le prolongement de la préhistoire d’Israël, la famille israélite est nettement patriarcale. La famille c’est la maison, c’est le clan, si important parfois qu’il occupe plusieurs villages. Chaque membre du clan est appelé “frère” par les autres membres.

La femme célibataire est alors sous la dépendance du père, la femme mariée sous celle du mari. Si le mari meurt sans enfant mâle, l’épouse et ses biens passent au frère aîné du défunt. Dans l’ancien Israël les filles étaient mariées entre douze et quatorze ans, les garçons entre dix-huit et vingt-quatre ans. Le mariage avec une demi-sœur n’est pas encore prohibé au Xe siècle. Les fiançailles signifiaient déjà l’acquisition de la fiancée par le fiancé et entraînaient l’obligation du mariage.

La femme est-elle propriété du mari ? Au VIIIe siècle avant J.-C. la femme compte parmi les biens d’un homme qu’il est interdit de convoiter, au même titre que sa maison, son champ, sa servante, son bœuf ou son âne... La jeune fille est punie de mort en cas d’adultère, par lapidation au temps des fiançailles, par strangulation après le mariage proprement dit.

Le contrat de mariage comprenait trois éléments : la dot, fournie par le père de la mariée à sa fille qui la transmettait à son mari, lequel devait la restituer à sa femme en cas de divorce; les biens autres que la dot, donnés par le père de la mariée, restaient propriété de la jeune femme mais le mari en avait l’usufruit; enfin le gage de mariage était la somme qui revenait à la femme en cas de séparation ou de veuvage.

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