Pour Hélène Bellanger, en hommage amical,

   La Jérusalem du Ier siècle est un microcosme. Elle est la capitale mystique du judaïsme ; elle est, grâce au Temple, et cela depuis des siècles, le seul lieu légitime du culte, un culte qui attirera en pèlerinage des Juifs, venant de tous les coins de l’empire. 

En outre, à la population autochtone de Jérusalem, de langue araméenne, se mêlent des gens de passage venus de tous horizons, mais aussi des Juifs issus de la Diaspora, de langues grecque eux aussi, et venus s’établir à Jérusalem, soit pour un temps, soit à titre définitif. Le récit de la Pentecôte (Ac 2) est symptomatique de l’existence d’un tel milieu. Certes, il y a quelque chose d’idyllique, et l’auteur énumère peut-être en fonction de la géographie des premières églises des années 80 ou 90 les témoins de la toute première Pentecôte chrétienne. Mais son récit est substantiellement véridique en ce qu’il nous met sous les yeux la population bariolée qui était celle de Jérusalem, surtout au temps des fêtes, c’est-à-dire le public qui sera aussi le milieu d’origine des nouveaux convertis. 

Le groupe se grossit rapidement puisque les convertis furent nombreux. Il s’ensuit que, probablement, renaît ainsi l’image de la grande communauté des derniers jours, déjà présente à l’esprit de Jésus au début de son ministère. Mais en même temps cette communauté s’arrange pour durer, et nous sommes en présence d’un noyau d’Église, comme société visible de croyants. On doit ajouter que cette communauté se donne tout naturellement un certaine organisation, de sorte que désormais nous pouvons parler d’institution.

Si l’on considère que notre institution Église éprouve quelque difficulté pour marcher, s’il faut lui appliquer des bandages ou des plâtres, si elle s’aide de béquilles, si elle souffre de ceux qui se dressent en travers de son chemin, qu’elle se réjouisse qu’un jour viendra où, dans la Jérusalem d’en-haut, elle sera libérée, elle sera pleinement Église.

 

Gérard Leroy, le 3 juin 2019