Où était Dieu à Auschwitz ?

Pour mon ami Gérard Lévy, cette esquisse de réflexion à poursuivre
   
Auschwitz, macabre lieu de pèlerinage qui vous grave dans la mémoire les 6 millions de juifs exterminés par les nazis. Aucune philosophie ne l’explique. Tout, en ce temps-là, est tombé en morceaux. 

Auschwitz a suscité des remises en questions radicales.

D’abord de la Raison. On a tenté d’expliquer Auschwitz comme un retour à la barbarie. Erreur. Bien au contraire, c’est le côté rationnel, organisé, planifié du crime qui a prévalu. Rien n’a été laissé au hasard. “Le camp de concentration était devenu de plus en plus rationnel, a estimé Edgar Morin,  lorsque les méthodes industrielles ont été appliquées à la mort : la rationalité instrumentale culmine à Auschwitz.” Auschwitz c’est la faillite de la Raison avec une majuscule —cette Raison humaniste, conquérante—, qui prétendait “libérer les hommes de la peur et les rendre souverains” comme l’ont écrit les philosophes Theodor Horkheimer et Max Adorno. Dans leur ouvrage publié à la fin de la guerre, ils ont montré le processus par lequel la perspective de la philosophie des Lumières a pris une direction opposée en s’illustrant dans la barbarie. 

Qu’a-t-elle produit, cette Raison ? Un malheur sans nom. La terre entière a été placée sous le signe des calamités triomphantes, partout où elles jaillissaient, comme un funèbre feu d’artifices.

Où était Dieu à Auschwitz ?  “Si Auschwitz a été possible, c’est que Dieu n’existe pas” dira-t-on. On a voulu faire entrer Auschwitz dans les cadres de la théologie traditionnelle, en y voyant un châtiment de Dieu, comme Ellul considérant le sida comme une punition de Dieu pour les écarts commis par ses victimes.  De quelle faute Dieu aurait-il voulu punir l’homme ? Du nationalisme ? De la sécularité ? Du mépris de la Torah ? 

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