Montée vers Pâques en partage avec nos enfants, et avec Florin, 

   Redescendus du mont Tabor, en Basse Galilée, les apôtres retrouvent leur environnement habituel. Jésus est au milieu d’eux et redevient l’ami de tous les jours, fascinant, déroutant, attachant. Pierre, Jacques et Jean sont encore tourneboulés par l’instant qu’ils viennent de vivre. Ils ont reçu plus qu’une lumière d’espérance puisqu’ils ont découvert une autre réalité. Ils en mesureront dès lors la richesse au travers du temps proche, à la mesure de leur petitesse et de leur vulnérabilité.

Mais aujourd’hui et dans les jours à venir, c’est à travers l’humiliation, l’angoisse et la mort que désormais la lumière doit briller. « C’est toi mon fils bien-aimé » a dit le Seigneur au moment du baptême de Jésus au Jourdain. « Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le » leur a-t-il dit au Tabor. Cette première phrase est celle des chants du « Serviteur souffrant » du prophète Isaïe (Is 42, 1 à 7 et ss). Elle est également une parole de tendresse, comme une grande lumière qui accompagnera Jésus lors de sa traversée de la mort.

« Il fallait que le Christ souffrit pour entrer dans la Gloire » (Lc 24, 26) dira le Ressuscité aux disciples d’Emmaüs. Il reprendra avec eux ce qu’en avait dit l’Écriture, comme au jour de la Transfiguration, quand il s’entretenait de « cet exode » avec Moïse et avec Élie.

Au cœur des mystères qui nous entourent, au milieu de toutes les questions qui se posent sur le sens de nos vies, alourdies de notre baluchon de projets, de désirs et de misères, le sens du monde nous paraît souvent obscur et confus. Tout au fond de l’horizon jaillit une grande lumière, celle du Christ, donnée jadis en un instant sur le mont Tabor, à la Transfiguration. Cette lumière nous est donnée. Nous la ressentons nous aussi en un instant de grâce.

« L’exemple du Seigneur invite la foi des croyants à comprendre que nous devons, parmi les épreuves de cette vie, demander la patience avant la gloire » disait un saint pape.

Le Seigneur nous a dit d’écouter « son Fils bien-aimé ». Qu’il nous fasse entendre dans sa Parole le viatique dont notre foi a besoin. Notre regard sera alors assez pur pour discerner sa gloire.

Gérard Leroy, le 12 mars 2024