Au P. Loïc Molina, hommage fraternel,
Deux textes du Nouveau Testament sont attribués à Pierre.
Sa première épître est une lettre administrative conseillant des comportements à des communautés en proie à des difficultés liées à un contexte complexe. Le premier verset est très clair : « Pierre apôtre de Jésus le Christ aux élus vivant en étranger dans la diaspora du Pont, de Galatie, de Cappadoce d'Asie et de Bithynie » (1P 1,1). Cette circulaire est destinée à des églises réparties dans ce qui est l'actuel Turquie. La communauté est décrite comme vivant en diaspora. Elle s’adresse à des Juifs qui résident hors de Judée, là où ils n’ont pas de statut spécifique comme on pouvait en avoir à Rome ou à Alexandrie. Il est rappelé, et c’est la caractéristique spirituelle de la lettre, que la patrie des chrétiens est le Ciel et que la vie dans le monde est une vie en exil.
On lit encore ceci : « Pour un peu de temps il faut que vous soyez affligés par les épreuves variées afin que votre votre foi soit mise à l’épreuve, beaucoup plus précieuse que l’or périssable (et qu’elle) obtienne louange, gloire et honneur lors de la révélation de Jésus-Christ » (1P 1, 6-7).
Pendant longtemps ont été évoqués la persécution de Néron, les jeux du cirque, les martyrs. Mais la suite de la lettre appelle à obéir aux autorités. Il ne s'agit donc pas d’une oppression de l’État. Il s’agit peut-être de la détresse qui frappe quelques uns confrontés aux difficultés de la vie.
Un autre passage nous éclaire. On lit ceci : « c’est bien assez en effet dans le passé d’avoir accompli la volonté des païens en vivant dans la débauche, les convoitises l'ivrognerie les banquets, les beuveries et les idolâtries criminelles. Ils trouvent étrange que vous ne couriez plus avec eux vers la même débauche de comportement. Ils médisent de vous » (1P 4, 3-4). La vie chrétienne appelle à des conduites nouvelles, tant en matière de participation à la vie païenne (les cultes idolâtres, les banques rituels) qu’à la vie sociale (les fêtes bien arrosées, et les mœurs relâchés) qui suscite étonnement et médisance.
L'auteur définit une sorte de code de bonne conduite en situation de crise. L’un de ses objectifs consiste à renforcer l'esprit communautaire pour empêcher que les troupes ne désertent au fur et à mesure que la pression augmente. Il rappelle à ses lecteurs qu'ils ont acquis un statut privilégié en rejoignant la maison de Dieu ; il ont été choisis, ils ont été sanctifiés par l’Esprit (1P 1,3 et 23). Les enfants de Dieu ont été mis à l'écart du reste du monde ; ils sont forcément en butte à l'hostilité des autres qui ne les comprennent pas (1 P 4, 3-5).
L'auteur ne construit pas une forteresse assiégée et ne prêche pas la haine du monde. Au contraire il exhorte à se comporter dignement (1P 2, 12). Il le faut par la parole mais aussi par les actes (1P 3, 1). Les croyants doivent obéir aux structures de l'empire romain : « Soyez soumis à toutes institution humaine à cause du seigneur soit le roi, soit les gouverneurs. »
C'est la volonté de Dieu qu’en faisant le bien nous réduisions au silence l'ignorance des insensés (2P 2, 13-15).
Cette conduite a un but : la récompense ultime, le salut qui s'annonce un (1P 1, 9). Le Christ reviendra bientôt. Dieu mettra bientôt fin aux souffrances des croyants (1P 4, 17 ; 1P 5, 10).
Gérard Leroy, le 28 juin 2024