Pour Brigitte Vanni, en hommage amical

   L’humanité est entrée dans une métamorphose déshumanisante, s’accélérant jusqu’à l’emballement. En effet, par une économie dénuée de préoccupation sociale, l’homme a été déporté de son centre.

Prenons pour simple exemple les débats récurrents sur l’éventualité de l’ouverture des magasins le dimanche. S’est-on préoccupé du besoin de partager le répit hebdomadaire avec les familles, les amis ? Comment ces rencontres si appréciées seront-elles encore possibles si le jour férié n’est pas le même pour tous ? Quand place-t-on le partage de la communauté religieuse ?  

On voudrait s’appuyer sur un présupposé : l’élargissement du temps d’ouverture entraînerait une augmentation de la consommation, au principe de la croissance économique. C’est oublier que la consommation dépend du revenu, lequel dépend de l’emploi. Or, ce que chacun dépense n’est que ce qu’il détient dans son porte-monnaie. La consommation ne sera donc pas plus importante, mais seulement plus étalée dans le temps. Le souci législatif confirme la dictature hégémonique de l’économie, et oublie que le centre de notre société ne revient pas à l’argent, mais à l’homme. D’où la contestation d’une économie conduite par des groupes financiers et industriels privés qui s’élancent vers la domination d’un monde soumis à leurs impératifs de rentabilité.

Les moments de répit, comme nous en disposons encore aujourd’hui, sont souvent des temps où l’Évangile peut faire irruption, d’une manière singulière. 

Après avoir vécu dans un climat de conformisme social, politique, culturel, économique, religieux, après s’être conformé à toutes les machines qui font tourner le monde, les institutions, leurs sécurités, leurs dogmes, il s’agit de remettre tout cela en question. Par ce biais la crise est de nature à réveiller l’homme, à susciter ses talents, au service d’une communauté d’hommes où chacun a sa part. La crise ne serait-elle pas l’opportune occasion de se mieux comprendre et, dans le prolongement, écouter ce qu’a à nous dire l’Évangile.

 

Gérard LEROY, le 1er juin 2016