Pour Jean-Pierre Achard et Samuel Mourier, en hommage amical

   On a dit du nouveau président des États-Unis qu’il était vulgaire, arrogant, misogyne, infidèle, malhonnête, menteur et raciste…

Mais à part ça ?

Il va conduire un pays et mener des réformes dont il assure qu’elles vont apporter la paix dans le monde et réaliser la grande et obstinée, immuable, impérissable, inébranlable perspective des américains : Make America great again.

Oui, mais comment ? Jusqu’à quel point l’invincibilité apparente du président des États-Unis va-t-elle tenir ? Ses discours de campagne, brutaux, annonçaient une politique unilatéraliste. Sera-t-il soutenu par les grands patrons de la tech ? Cela nous conduit tout naturellement à s’interroger sur l’Union européenne (UE) qui va devoir à nouveau se positionner sur la scène internationale.

Le deuxième sujet porte précisément sur la réaction de l’UE aux mesures tarifaires visant tous ceux qui ne sont pas américains, de l’Orient jusqu’à l’Atlantique et même du sud américain. On ne peut pas ne pas s’interroger au moment où la commission d’Ursula von der Leyen reprend du collier en étant affaiblie par les bouderies des relations franco-allemandes. En Allemagne, il est probable qu’on doive patienter jusqu’à la fin du printemps, quand le Bundestag se sera prononcé et que sonnera le glas du gouvernement actuel. Si cela est. Quant à la France, la situation politique restera chaotique tant que nos deux extrémistes annihilent tout projet, confondent l’incontinence verbale avec la rhétorique et cultivent la crétinerie en croyant la transcender.

Une troisième question surgit : que faut-il attendre de l’OTAN récemment élargie. Washington cherche-t-elle à l’affaiblir pour l’abandonner à la défense exclusive de l’Europe ?

Un autre sujet concerne l’avenir de l’Ukraine. Le général Kellog choisi par D. Trump pour se charger de la résolution du conflit peut-il y parvenir ? À quel prix ? Le Kremlin s’arc-boute sur le maintien de ses propriétés volées. L’Ukraine est déterminée à ne pas lâcher. Le rapport final des réunions sera à coup sûr un enfumage monumental.

Et le Proche-Orient ? Le président Biden n’a pas réussi à retenir B. Nétanyahou, Tsahal a détruit Gaza qui n’est plus qu’un champ de ruines pestilentiel, au nom d’une improbable éradication du Hamas et au prix de crimes de guerre. Les Israëliens sont nombreux à dénoncer un nettoyage ethnique ainsi que la recolonisation aussi bien en Cisjordanie que partout sur le territoire palestinien. Israël, par ailleurs, a clairement pris l’avantage en décapitant le Hezbollah. En visant l’Iran Israël ne négligera pas l’assentiment tacite probable de l’administration Trump.

Une autre question porte sur la Chine et la guerre tarifaire qui s’annonce. Le protectionnisme, disent les économistes, génère de l’inflation. Il semble que s’ouvre un nouveau moment non seulement de transition du modèle économique chinois, mais aussi des communications stratégiques dans le domaine nucléaire. L’administration Trump va sans nul doute modifier les rapports de force globaux.

Quant à l’Inde, qui s’agrège au Brics+, elle incarne, avec le Brésil, la ligne des pays qui ne boudent pas l’Occident, mais souhaite corriger ce qui lui apparaît suprémaciste.

Reste à s’interroger sur les relations avec le Mexique, le Canada, les pays d’Amérique latine, l’immigration, la lutte contre le réchauffement climatique…

Peut-on prêter à un seul homme la surpuissance nécessaire à de telles transformations. Donald Trump est le produit d’une réaction des Américains qui, par-dessus-tout, ne veulent renoncer ni à leur mode de vie, ni à leur suprématie. Make America great again.

 

Gérard Leroy, le 10 janvier 2025