Pour Jackie Dolcemascolo, Florin Dumitrescu, en hommage amical

   L’heure de son supplice approche. Jésus sait qu’il va être arrêté et mis à mort. L’isolement du Fils dans son angoisse devient extrême. Il est seul.

Quel sens aura cette mort ? C’est un combat spirituel qui s’amorce pour accepter cette perspective.

Peut-il fuir et renoncer à sa mission ? S’il partait, tout ce qu’il a commencé à faire grandir retomberait. S’il partait quel sens auraient les prophéties, de Jérémie, d’Ézechiel et d’autres ? S’il abandonnait le navire au beau milieu de la tempête, délaissant les marins, tous ses disciples succombant à la noyade, qu’aurait-il apporté ?

Dieu a décidé de nous porter jusqu’au bout ! Jésus est venu nous le dire et le manifester. C’est en acceptant d’aller jusqu’au bout dans la solidarité avec le peuple, jusqu’à en mourir qu’il pourra témoigner de l’amour de Dieu pour l’humanité. La mort n’aura pas le dernier mot : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; s’il meurt il porte beaucoup de fruit ».

Le bienheureux Pierre Claverie, évêque d’Oran assassiné en 1996 peu après les moines des Tibhérine, s’est lui aussi longuement interrogé sur le sens du maintien en Algérie pour les chrétiens. En dépit d’un départ massif qui aurait pu justifier le sien, il décide de rester. "Nous sommes là pour signifier que Dieu est amour. C’est le moment de demeurer, de tenir simplement la main de l’autre. Cet instant signe notre volonté d’aimer, gratuitement."

L’évangéliste Jean a placé cette prière d’abandon au Père en un lieu que les autres évangélistes ont placée au jardin des Oliviers. Jésus comprend qu’il doit rester et demande au Père la force de vivre cet abandon.

Comme l’a dit Pierre Claverie : « Jésus n’a pas cherché la mort. Il n’a pas voulu la fuir non plus car il jugeait probablement que la fidélité à ses engagements vis-à-vis du Père et pour la venue de son Règne était plus importante que sa peur de mourir. Il a préféré aller jusqu’au bout de la logique de sa vie et de sa mission plutôt que de trahir ce qu’il était, ce qu’il disait et ce qu’il avait fait en reniant ou en abandonnant pour éviter l’affrontement ultime."

Ce qui a eu lieu il y a 2000 ans est aussi une réalité qui touche notre propre vie. C’est pour chacun de nous, dans son histoire singulière et pour nous tous ensemble, dans notre histoire familiale, communautaire et collective que Jésus a donné sa vie.

 

Gérard Leroy, le 19 juillet 2024