Pour Costa Lastes, en hommage amical

   En Juillet 2019, le Président français dénonçait, en présence de W. Poutine, « des influences extérieures » dont les militants radicaux sont conseillés par l’étranger, ainsi que du travail de sape de la « russosphère », mené par le média : « Russia Today » désormais présenté sous le sigle « RT ».

RT a débarqué en France récemment, en 2015. L’information que diffuse RT France aussi largement que possible se fabrique selon une direction sise à Moscou, dans un bureau de rédaction installé à Paris. Cet « organe d’influence » c’est l’idée de W. Poutine, en 2005. L’ancien officier du KGB dissous en 1991, est aujourd’hui directeur du FSB, le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie, service secret chargé des affaires de sécurité intérieure. Le Président russe a su mettre au pas les chaînes de télévision. Les Occidentaux voient la Russie « communiste, enneigée, pauvre. » De quoi souhaiter une image un peu plus gratifiante pour promouvoir la Russie au-delà de ses frontières. 

Alors on y met les moyens : trente millions d’€uros. Deux-cents journalistes ou présentés comme tels. La chaîne s’est implantée tous azimuts : RT Arabic diffuse dans les pays du Moyen-Orient, RT America est installé, on diffuse en langue espagnole, en anglais, en allemand. L’objectif ? Dénoncer sans relâche les misères qui sévissent ailleurs, rétablir « la vérité », souligner la corruption en Occident, montrer les scènes susceptibles de faire de l’ombre. 

Sur tous les plateaux on dénonce. En font les frais Hillary Clinton, la technocratie bruxelloise, et même George W. Bush qui aurait « manigancé » les attentats du 11 septembre 2001 ! On accueille les populistes à bras ouverts, ainsi que les « experts », présentés comme des chercheurs ; des essayistes publiés à compte d’auteur passent pour de prestigieux universitaires. Qu’importe ! Alain Soral est rhabillé en « grand écrivain », le singulier négationniste Thierry Meyssan défenseur du régime de Bachar Et-Assad en « journaliste d’investigation », et maints blogueurs négationnistes en « analystes géopolitiques ». L’objectif ? Convaincre que seule la version russe est la vraie.  

 L’ossature journalistique est formée des proches de la ligne de Moscou, qui ont participé à la propagande contre le déplorable Obama, flatté Kim et Poutine. Quant à la directrice de l’information, Ekaterina Lazareva, celle-ci interdit de discuter de tel ou tel sujet en conférence de rédaction. Elle n’aurait qu’un mot pour mettre au pas ceux qui s’en offusqueraient : « Fuck you ! »

Chez RT l’information se nourrit de la peur, des foules en colère, des indignés, des indépendantistes, des altermondialistes. Les reporters filment tout mouvement qui s’organise « là où ça pète ». Les reportages sont retransmis en direct sur Facebook et autres réseaux sociaux. Résultat ? Les auditeurs sont prêts à sanctionner le Chef de l’État, le Ministre de l’Intérieur, soupçonnés d’incapacité à gérer la situation. La réaction fait boule de neige : la presse russe avait raison ! La presse Française est assurément asservie au pouvoir. Pardi !

La situation déjà difficile à démêler se complique encore un peu plus ! Il va nous falloir redevenir intelligents pour décrypter, passer au crible de la critique, textuelle ou visuelle, permettant d’accéder à une vérité signifiante qui peut s’écarter du récit et plus encore de l’image. 

 

Gérard Leroy, le 15 juin 2021