Pour Jean-Marie, avec toute mon amitié

Sur le plan socio-économique, le monde est depuis plus d’une décennie, caractérisé par la mondialisation. Tous les produits et services qui entourent notre vie quotidienne, qu'il s'agisse des DVD, des tracteurs, des ordinateurs ou des poignées de porte, sont désormais conçus et fabriqués dans plusieurs pays par des entreprises organisées à l’échelle mondiale. L’entreprise considère le monde comme un étal de marchés à conquérir.

Le monde devient un terrain de conquête, (conquêtes de marchés agricoles, technologiques, etc.). La conquête devient la forme d’expression de l’excellence. Chaque pays vainqueur légitime ceux qui conquièrent les parts de marchés pour l’économie de leur pays. Ceux qui négligent la conquête des marchés peuvent être assurés que d’autres les remplaceront.

Ce faisant, on élimine les faibles, on crée l’exclusion.

L’économie est devenue une force maîtresse de notre société. Quand l’économie est débridée, indépendante de tout système régulateur de justice, la société créé l’exclusion et la pauvreté. L’emprise de l’économie dans nos sociétés profite d’un abandon de la morale générateur de corruption. Économie, morale et politique sont les pôles fondamentaux sur lesquels repose l’équilibre d’une société. Quand celle-ci, par exemple, remet au pouvoir politique et aux institutions le contrôle total de ses activités, elle se délite et encourage la dictature du pouvoir. On observe aujoud’hui un phénomène inverse, conséquent de l’hégémonie de l’économie. Les pouvoirs politiques sont en effet en train d’abdiquer. Ils s’en tiennent à aider leurs entreprises dans la conquête des marchés mondiaux, leur déléguant le rôle de déterminer ce qui est bien, en quoi il faut investir, pour qui et comment. Les pouvoirs politiques ne participent pas directement aux décisions les plus importantes. Ils ne sont bien souvent que des greffiers de décisions prises en dehors du champ politique.

Désormais la compétitivité est devenue une obsession. Si on n’est pas compétitif on n’est pas utile, on s’exclut. Un ouvrier qui n’est pas compétitif est éliminé; une ville non compétitive n’attire pas les investisseurs; un continent, comme l’Afrique, qui n’est pas compétitif, est abandonné, largué.

Mais la conquête ne peut pas gérer notre avenir.

Dans quinze ans nous serons huit milliards d’humains, ayant un besoin vital d’eau potable, de maison, d’énergie, d’alimentation. À l’heure actuelle, sur un peu plus de six milliards de résidents planétaires, un milliard et demi n’a pas accès à l’eau potable, 800 millions de personnes ont faim, dont 180 millions d’enfants.

Nous baignons dans cette société, face au poids d’une culture placée sous le signe de la rentabilité, de la productivité. Non seulement notre liberté s’y épuise, mais notre conscience d’homme est emportée dans la tempête. De quel humain la mondialisation va t-elle accoucher ? D’un homme placé sous le signe de l’avoir, capable de manipuler la nature et la vie ? Et oublieux de son être ?

 

G.L., le 14 avril 2008