Pour Christophe Cabrier, en hommage amical
Ce pont magnifique restauré par Justinien s’inscrivait sur le trajet qui reliait Tarse à Antioche, à un peu plus de cent kilomètres.
Théodore, ami de Jean Chrysostome, est né, comme lui, à Antioche au beau milieu du IVe siècle, d’une famille chrétienne ayant eu des responsabilités civiles importantes. Son frère est évêque d’Apamée, en Syrie, près de l’Oronte, à cinquante kilomètres au nord de Hama. Mopsueste dont Théodore devient l’évêque en 392, est située en Cilicie, au nord de la Syrie. C’est aujourd’hui un joli bourg de six mille habitants, près de la Méditerranée.
Théodore a toujours été considéré comme comme l’une des principales figures de l’École théologique d’Antioche, en dépit de sa condamnation au Concile d’Éphèse, en 431. La forte personnalité du patriarche Cyrille d’Alexandrie, a influencé la condamnation de ses thèses christologiques ayant inspiré le nestorianisme.
Nestorius, moine d’Antioche appelé en 428 au siège patriarcal de Constantinople, avait été l’un des élèves de Théodore. Sa doctrine affirmait que le Christ était constitué de deux personnes, l’une divine, le logos, et l’autre humaine, Jésus, sans union entre les deux. En conséquence le nestorianisme refusait de donner à Marie le titre de Theotokos (mère de Dieu). Le concile d’Éphèse confirma solennellement ce titre pour Marie.
On connait aussi l’opposition de Théodore à la doctrine du péché originel défendue par Augustin : pour lui, le péché n'est pas dans la nature, mais dans la volonté de l'homme, ce qui le rapproche du pélagianisme, Pélage ayant minimisé la grâce qui ne joue qu’un rôle d’adjuvant de la liberté, laquelle n’aurait pas souffert du péché d’Adam.
Si Théodore fut un écrivain prolifique, sa condamnation posthume par l'Eglise romano-byzantine, a grandement nui à la transmission de son œuvre, dont ne subsistent que peu de fragments, en dehors d’une tradition syriaque de ses Catéchèses baptismales.
L’Église latine a réagi à la condamnation posthume de Théodore. Par-dessus les soupçons qu’il suscita, on retiendra que l’Église d’Orient le considéra, dès 484, comme “l’Interprète de la Bible par excellence”, ce qu’il fut tout au long de sa vie qu’il termina en 428.
Gérard LEROY, le 15 janvier 2014