Pour Marie Launay, que j'embrasse

   Quelles cultures vont souffrir de la sécheresse cette année ? Où ? Pourra-t-on encore produire de la vigne sur les côtes du Ventoux dans 50 ans ? Cultiver du quinoa dans le Morbihan ? Ces questions sont le quotidien des membres de l’équipe Agroclim, un collectif qui se propose de capter les variables du climat, observer ses effets sur les cultures, et orienter les projections pour l’avenir. Il n’est donc pas étonnant que leur expertise soit reconnue par le monde scientifique. Agroclim est aujourd’hui sollicité par les médias, les professionnels, les collectivités territoriales, voire les collèges et lycées.

L’impact du climat sur les agroécosystèmes

Agroclim est le lien entre INRAE et Météo-France, et garante de la fiabilité des 55 stations de l’Institut en métropole et outre-mer.

Grâce au modèle informatique STICS, initié par l’un d’entre eux, Agroclim simule les interactions entre plantes, sol et climat. Leur modèle informatique de simulation est  l’un des 4 modèles les plus utilisés au monde. Grâce au modèle STICS l’équipe peut se donner de comprendre et prévoir les impacts du climat sur l’agriculture.

L’acquisition de données sur la phénologie des plantes (dates de semis, floraison, maturité…) a démarré en même temps que le projet Phénoclim qui s’apprête à recueillir d’autres observations citoyennes ou celles de l’Observatoire des saisons. Tout cela est regroupé dans un réseau animé par Agroclim, le réseau Tempo, dont les données climatiques, basées sur le climat, et phénologiques, qui s’appuient sur le vivant, permettent l’élaboration de représentations simplifiées d’effets et de risques.

De la réalité du changement à l’urgence climatique

En 2011, le livre blanc Climator issu du projet éponyme coordonné par Agroclim, associe 7 instituts de recherche dans la perpective de décrire les impacts futurs du changement climatique, selon différentes hypothèses portant  sur les grandes cultures, la vigne, la forêt… Les outils d’Agroclim aident encore à mieux comprendre la stagnation des rendements. En 2006, une thèse s’intéresse à ces effets sur la vigne, et fournit des outils pour comprendre et élaborer des stratégies d’adaptation. En 2023, un nouveau doctorant tend à éclairer les céréaliers et maïsiculteurs en posant la hiérarchie des problèmes ? Les canicules ? La consommation d’eau des cultures ? « On ne peut plus faire de recherche en environnement ou en agronomie sans intégrer le changement climatique ».

Face au climatoscepticisme et à l’écoanxiété

Si aujourd’hui on reconnaît volontiers la responsabilité du comportement humain dans le changement climatique, chacun peut s’interroger sur les projections et les pistes de solutions. La colère, voire l’inquiétude nourrissent l’écoanxiété, particulièrement chez les jeunes agriculteurs de plus en plus soucieux de leur avenir proche. Aussi les chercheurs sont en présence d’un délicat travail de sensibilisation, les conduisant d’abord à l’écoute de tous les acteurs, de leurs méthodes d’adaptation, des données ouvertes…

Le tout empreint d’un grand sens du service et du collectif. « Chez nous, il y a beaucoup d’informatique mais aussi beaucoup d’humain », un esprit entretenu par la direction de l’unité Iñaki Garcia de Cortazar Atauri et Marie Launay.

site INRAE : https://www.inrae.fr/dossiers/lauriers-inrae/agroclim-climat-nature

 

Gérard Leroy, le 8 décembre 2023