Pour Maryline Lugosi et Florin Dumitrescu, en hommage amical

   Un récent ouvrage de Thierry Wolton (1) raconte un siècle d'idéologie communiste qu’il envisage selon plusieurs angles de vue : celui des partis-États, celui vécu par les populations dans les 26 pays communistes qu'a connu le XXe siècle, celui de l'étranger, au sein des partis communistes du monde entier, du côté des intellectuels occidentaux, de certains dirigeants démocrates et chez les hommes d’affaires capitalistes.

Les régimes qui se sont réclamés de l’idéologie communiste auraient été imposés par une poignée d’agitateurs plus ou moins belliqueux ou par la force armée, tout cela en faveur d’une lutte de libération nationale. Reste à savoir contre qui ou contre quoi. Le pouvoir une fois conquis, la minorité communiste de chaque pays se serait livrée à une lutte, en dépit des aspirations du peuple,  pour imposer son idéologie et y faire régner son ordre. Des millions de gens l’on payé de leur vie, par la cruauté de Staline, et de son ami le sadique Béria.

La lutte des classes fut présentée comme LE moteur de l’histoire par Marx(2). mise en pratique par Lénine, puis Staline qui l’a imposée par l’établissement d’un État policier totalitaire centralisé, l'emploi de la force et de la terreur. Ce que l’auteur dénonce en usant du néologisme « classicide ».

L'échec idéologique que reconnurent les partis-États les a conduit à renforcer la fibre nationale pour tenter de mobiliser les peuples. Ainsi des régimes communistes s’établirent un peu partout.

Thierry Wolton affirme que sans le soutien des PC du monde entier, sans l’aveuglement d’une grande partie des intellectuels, sans le désintérêt de la plupart des démocraties, sans la cupidité capitaliste, les régimes communistes, en crise économique permanente, n’auraient jamais duré si longtemps.

La force d’attraction de l’idéologie, porteuse de promesses égalitaires d’une part, l’apparente bienveillance des régimes d’autre part, ont été accueillies et soutenues dans le monde, en dépit de ce qu’enduraient les populations victimes. À cause de l’impact laissé par sa force terroriste un authentique bilan du communisme ne peut se présenter « proprement ».

Le point de vue orignal de Wolton lui a valu le prix Jan-Michalski de littérature grâce à un récit centré sur  l'individu broyé par l'histoire au nom d’une l’idéologie. Il fut encore salué en 2021 comme le prix Espoir du Mémorial de Timisoara pour cette œuvre qui rend hommage aux victimes des émeutes populaires en décembre 1989. Une dizaine de jours plus tard s’annonçait le renversement du régime communiste de Ceausescu.

 On entend aujourd’hui des voix d’extrême gauche qui minimisent, voire nient la nature totalitaire et criminelle des régimes communistes, de la même manière que les négationnistes nient la Shoah ou refusent de reconnaître les autres génocides dont ont été victimes des Arméniens et des Tutsis.

Le négationnisme communiste aurait une influence sur les enjeux d’aujourd’hui, sur le terrorisme islamique, sur le retour de l'antisémitisme ou encore sur la montée des mouvements populistes et nationalistes. Aussi la dénonciation de tous les négationnismes, de gauche, de droite, et d’ailleurs est une opération salvatrice.

Gérard Leroy, le 17 mars 2023

  1. Thierry Wolton, Une histoire mondiale du communisme, T I à III, Grasset, 2015
  2. Karl Marx, L'idéologie allemande