Ceux qui ont connu les années 50 se souviennent de la fierté qu’on tirait d’être rangé parmi les “modernes”. Nous étions de cette civilisation, exhibant son “modern style”, née avec la révolution industrielle en laquelle s’est développée la gestion et la culture démocratiques.
Le passage à la modernité a coïncidé avec l’émergence du sujet humain, dernière onde de choc du phénomène de sécularisation qui fut à la fois politico-sociale, psychologique et anthropologique. Tout cela s’est produit avec les révolutions de 1848, et les débuts du socialisme. On développa l’esprit critique, on affirma la subjectivité de l’homme, sa liberté, son autonomie, on privilégia la rationalité, la maîtrise de toutes choses, et l’on prit des distances par rapport à tout pouvoir, toute norme faisant appel à une transcendance. Ainsi l’homme moderne a t-il pris, peu à peu, de la distance par rapport aux justifications religieuses concernant la morale, ses choix de conscience, l’usage de sa liberté personnelle.
Le conflit
Les intégristes réagirent, surtout en Espagne où, en 1890, redoutant les novateurs, les libéraux et les démocrates, et s’irritant contre le progrès, ils créèrent un parti politique, s’employant à faire que la loi divine présidât au gouvernement des sociétés. Ils “confondaient la dévotion au passé avec la fidélité à l’Éternel” (E. Borne).