Rome cède aux Barbares, l’Afrique aux Vandales : en vingt ans le monde est mis sens dessus dessous

Pour Pierre, cette histoire en cadeau d'anniversaire

   Nous sommes en 429. Des réfugiés arrivent en Afrique et témoignent d’un impensable désastre : le 24 août 410 Rome est tombée aux mains des Goths, ces barbares qui, en trois jours, ont mis la ville éternelle à sac. C’est l’univers entier qui s’écroule. Et c’est l’humanité entière qui se trouve désemparée, tant est enracinée dans les esprits l’idée de l’éternité de la ville sacrée.

La nouvelle arrive donc aux oreilles d’Augustin. Les païens attribuent la responsabilité de la chute de Rome aux chrétiens. Car en effet les Barbares qui l’ont prise sont des chrétiens. Augustin dissimule sa surprise, puis se ravise. Il n’y a pas à s’étonner que le monde périsse. “Le monde est comme l’homme, écrit-il; il naît, il grandit, il meurt...” L’évêque d’Hippone (1) échafaude sa plaidoirie. Il commente, prêche, écrit à ses correspondants désemparés. En 413 paraît La Cité de Dieu, trois volumes qui inaugurent sa théologie de l’histoire.
 
Augustin y dissocie les idées portant sur le christianisme et celles que véhiculent les calamités dont il fait une étude critique. En même temps il analyse les vraies raisons de la grandeur de Rome. Puis il en vient à critiquer les croyances religieuses et philosophiques des païens, menant à l’égoïsme et impuissantes à conduire l’homme au bonheur. C’est alors qu’il montre l’opposition de deux cités: “Deux amours ont fait deux cités, écrit-il : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu a fait la cité terrestre; l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a fait la cité céleste.” (2) . Dans la cité terrestre les hommes sont tout juste bons à fonctionner. Dans la cité de Dieu règne l’amour divin. La première, selon Augustin, aboutit à l’enfer, la seconde à la béatitude des ressuscités.

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