Blondel : une philosophie… chrétienne ?

Pour Pierre Picard, en hommage amical

   Maurice Blondel est le modèle insigne d’une philosophie chrétienne, non seulement sous l’effet de l’intention mais aussi de son contenu.

Toute la démarche de sa thèse, qu’il a intitulée L’Action (1893) (parue sous deux tomes aux éditions Félix Alcan et rééditée au P.U.F., 1963, dans une version revue et corrigée de l'Action de 1893). Cette réflexion vise à rejoindre l’acte de foi, sous l’aspect d’une option libre, reflétant la capacité dynamique qui se donne de s’interroger avant même que de proclamer sa doxa. Ce que signifie bien Blondel qui distingue, dès l’introduction de sa thèse, la volonté voulante de la volonté voulue. Cette démarche explicitant que l’acte de foi est préparée par la contrainte d’une alternative dramatique, présentée de façon binaire : l’acquiescement au Christ ou l’enfer.

Pour argumenter son engagement, Blondel ne fait apparaître le Christ qu’à la fin de l’ouvrage, au moment où il se voit contraint de choisir.

Seulement, toute la voie immanente qui le remplit est jalonnée de repères et de schémas essentiellement religieux et chrétiens, si bien que l’ultime ratification couvre rétroactivement le surnaturel chrétien sous l’aspect des croyances et du kérygme, mais non de la vie de grâce et du sacré trinitaire, qui sont le surnaturel proprement dit.

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