Pour Bruno et Bertrand, que j’embrasse
Le contexte interculturel contemporain appelle la foi à la confrontation.
L’affirmation d’Einstein sur la science boiteuse et la religion aveugle quand elles s’ignorent, a trouvé un écho dans le discours de Jean Paul II à l’occasion du centenaire de la naissance d’Einstein. Le Pape a cité le document Gaudium et Spes : « Les conditions nouvelles affectent la vie religieuse elle-même … L’essor de l’esprit critique la purifie d’une conception magique du monde et des survivances superstitieuses. » Science et foi ne sont pas en opposition, mais se complètent dans l’esprit de l’homme qui pense sérieusement.
Il faut pour cela que l’homme de science renonce à cette autosuffisance orgueilleuse qui le pousse à reléguer la théologie parmi les restes d’un paléolithique intellectuel et à cette hybris qui lui fait croire à la capacité de la science de détenir à elle seule toute la vérité, dans une connaissance exhaustive de la totalité de l’être et de l’exister. Reste à vaincre la tentation du théologien désireux de délimiter le terrain de la recherche scientifique et d’en orienter les résultats vers un soutien apologétique de ses propres thèses. Le savant et le théologien doivent rester fidèles à leurs propres règles de recherche, prêts à respecter les méthodes et les résultats des autres approches.
Il importe donc que règne le respect mutuel de coexistence entre science et foi, laissant de côté cet affrontement qui a connu son apogée dans le positivisme d’Auguste Comte.
Des positions semblables se retrouvent dans le néopositivisme de Ludwig Wittgenstein au XXe siècle. Le philosophe et mathématicien viennois – qui n’était pas un agnostique – signifiait : « sur ce dont on ne peut pas parler, il faut se taire ». Même s’il y a encore des défenseurs vigoureux d’un scientisme outrancier, de semblables positions sont désormais regardées comme simplificatrices.