Cyprien de Carthage († 258), bibliste et pasteur

     Une génération sépare Cyprien de Tertullien. Cyprien vient d’une bonne famille, qui l’a envoyé se former dans les bonnes écoles à la littérature et, comme il est de coutume dans les bonnes familles, à la rhétorique. Il enseigne avec bonheur. Et voilà qu’en 247 Cyprien se convertit. Il est alors âgé d’environ quarante ans. 

 

Il commence alors par lire la Bible, sur le conseil d’un prêtre. C’est ce qu’il confie dans une lettre à un certain Donat. Sa lecture l’amène à considérer l’Église comme le véritable Israël. Il s’appuie sur certains textes bibliques pour sa catéchèse et dans la controverse avec les juifs. Tout va ensuite très vite : il distribue ses biens aux pauvres, est ordonné prêtre puis est nommé évêque de sa bonne ville de Carthage, en dépit d’une sérieuse opposition. On est en 249.

 

L’homme est clairvoyant, dit-on, sa passion de l’Église et son autorité en font un chef tout naturel de la contrée qui lui est confiée. Il s’attache à y remettre de l’ordre, tant la moralité se délite. Rien n’est facile à cette époque et à cet endroit comme en tout endroit de l’empire où les persécutions sévissent, obligeant Cyprien à se cacher, sans cesser de gouverner son église et encourager sa communauté. Et par dessus le marché, la région doit encore subir les ravages de la peste !

 

Premier évêque écrivain en Occident, Cyprien rédige avec suffisamment d’élégance pour être surnommé le “Cicéron chrétien”. Son œuvre prolonge son action pastorale. Il prêche avec passion, commente l’Écriture, travaille à l’unité de l’Église qui ne peut s’envisager qu’en s’appuyant sur l’unité du corps des évêques, en union avec le corps apostolique. Ceci ne va pas à l’encontre d’une reconnaissance de la singularité de l’Église d’Afrique face à l’autoritarisme centralisateur. Cyprien encourage au baptême, à la pénitence et... au martyr !

 

L’Afrique se présente alors comme un terrain de divisions. Cyprien lutte évidemment, en accord avec Rome, contre tous ces courants hérétiques. Il lui faut réunir à cet effet des conciles deux fois par an à Carthage, validant, contre l’avis de Rome cette fois, le baptême dont ont été récipiendaires des hérétiques. 

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