La gnose, ou la quête du salut par la connaissance

Pour Solange Bernier, en hommage amical
   Le mot “gnose” est la transcription du mot γνώσις, qui signifie connaissance en Grec, mais un type de connaissance tout à fait particulier grâce auquel le gnostique prétend réaliser son salut. On observe alors un foisonnement de doctrines ésotériques, compliquées à souhait, et surtout des déviations que l’Église réfute et contre lesquelles réagit fortement Irénée de Lyon.

Qui sont les gnostiques ?
Les gnostiques sont des intellectuels qui affluent en nombre vers les années 120-130 et qui se distancient de la foi proclamée par les Pères apostoliques. Les gnostiques s’approprient la tradition pour la corriger et l’adapter à leur système philosophique. Là, l’Église perçoit cette doctrine comme une trahison.
Les plus connus de ces gnostiques dont les cosmogonies et les spéculations sur la Bible ont de quoi faire pâlir bien des exégètes, sont contemporains des premières communautés chrétiennes. Marcion, qui sera combattu par Tertullien, est l’un des tout premiers hérésiarques, qui naît vers 85 et meurt vers 160; il est originaire d’Asie Mineure; Basilide, qui vit à Alexandrie vers 125, révèle que Jésus, parce qu’un dieu ne peut pas souffrir et encore moins mourir, se serait prêté à un subterfuge en se faisant remplacer au pied du calvaire par Symon de Cyrène (cf. le parallèle dans Coran 4, 157-8). Valentin, lui, vit au milieu du IIe siècle à Alexandrie, puis à Rome. Tout en reconnaissant que Jésus s’alimentait comme tout le monde, Valentin prétend que son statut le dispensait de se rendre aux toilettes (1) ! Les disciples de Valentin  se considèrent comme des parcelles de la lumière divine tombées dans la matière et mêlées à elle. Ces parcelles seront libérées par le moyen de la connaissance qui constitue identiquement le salut.

Où sont-ils ?
On les rencontre à Alexandrie où ils ont pris naissance, à Rome, autour de la Mer Noire où ils s’établissent, à Carthage et, en Gaule, particulièrement à Lyon, l’un des phares du christianisme du IIe siècle.
 

Que croient les gnostiques ?

Ce que l'on sait d'eux nous le devons à leur littérature qui est considérable et séduit plus que la littérature chrétienne orthodoxe. Cette littérature gnostique se rapporte aussi bien à la Bible qu’aux évangiles apocryphes, à la prière et à la liturgie.

Les gnostiques prétendent qu’un enseignement réservé, secret, apocryphe (du grec apocryptô : “je mets en lieu sûr”, caché), a été transmis oralement à certaines personnes devenues les dépositaires exclusifs de cet enseignement. C’est donc à elles qu’il faut s’en remettre si l’on veut comprendre le vrai sens des Écritures et de la vie de Jésus, et si l’on veut être sauvé.
La Bible et les Évangiles n’ont pas tout révélé. Voilà le problème. Il reste encore des secrets à découvrir et l’on se met en quête d’autres révélations, par exemple dans les célèbres évangiles apocryphes. C’est dans ces textes que la Sainte Vierge, les apôtres Thomas et Mathias vont annoncer tout ce qui n’a pas encore été dit jusqu’ici. À y regarder d’un peu plus près on découvre dans ces écritures que des groupuscules se sont appropriés, que les patriarches bibliques, la Vierge Marie et Jésus lui-même “sont entraînés dans d’invraisemblables aventures métaphysiques” (2).

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