L’Église a-telle changé ? Marcel Légaut commenté par Xavier Larère

   Reconnaissant la perte de l’influence qu’elle détenait sur la société et les esprits, l’Église met son espoir dans une reprise du recrutement sacerdotal, ce qui ne la prédispose guère à envisager l’avenir autrement que comme le prolongement du passé, avec quelques modifications mineures.

Elle ne juge pas avoir à reconsidérer ses structures, ni à réviser sa doctrine, ni à modifier sa discipline, en tenant compte des connaissances et des techniques modernes, de l’univers mental général et des conditions matérielles de l’époque, des besoins concrets et des possibilités spirituelles du temps.

Ses membres, habitués à suivre l’autorité avec une docilité qui relève à la fois de la passivité et de l’indifférence, ont accepté Vatican II plus qu’ils ne s’en sont réjouis pendant que la Curie s’efforçait de réduire ce concile à n’être que le prolongement pastoral de Vatican I. La collégialité des évêques se manifeste moins par une activité créatrice que par la recherche d’une conformité collective avec les ordonnances romaines.

La décentralisation est capitale et urgente. Aux origines, l’absence de centralisation n’empêchait pas les communautés éparses de vivre une unité toute spirituelle grâce à la place prépondérante que tenaient les évêques et les prophètes. Le centralisme engendre l’autoglorification et ravive la nostalgie du pouvoir temporel.

Quand la liturgie  devient une fin en soi au lieu d’être un moyen, elle devient une mise en condition au lieu d’être une mise en marche et favorise narcissisme et  triomphalisme. Préparer l’avenir supposerait de relativiser les mystères de l’homme et de Dieu qui, au lieu d’être pour chaque croyant la source de questions sans cesse reprises, sont actuellement  épuisés par les formulations qui en sont données.

Si Jésus est le chemin, c’est moins par la doctrine d’un plan de Dieu dont il serait la pierre angulaire, que par l’exploration d’une voie où, parti de l’homme qu’il était à ses débuts, il a osé appeler Dieu son Père, tant il sentait avoir tout reçu de lui. Les dévotions ont été trop centrées sur les conditions dramatiques de la Passion, en négligeant les états intérieurs de Jésus.

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