Avons-nous besoin de l’école catholique ?

Pour mes amis Gilles et Béa

   La question en appelle une autre, en amont : “qu’est-ce qu’une école qui est catholique ?

Pour la définir il convient de la situer au cœur de la sensibilité culturelle d’aujourd’hui, marquée par la sécularisation et le positivisme, tendant à reléguer le catholicisme au rang des anachronismes, mettant parfois le catholique aussi peu à l’aise qu’un escargot dans le désert !

Ça n’est pas nouveau. Au début de leur histoire, les chrétiens faisaient irruption dans un monde peu préparé à entendre que les hommes sont égaux en dignité, que le talent n’a d’importance qu’au niveau de son usage et non à celui du statut social qu’il détermine, que la liberté est au principe de la morale etc.

L’école catholique se donne précisément la tâche de maintenir et cultiver les valeurs morales qui découlent de ces principes que le nihilisme d’aujourd’hui récuse. L’esprit évangélique de charité et de liberté sous-tend son enseignement qui prodigue une connaissance graduelle du monde et forge une personnalité qui peut être illuminée par la foi. L’école catholique, à mon observation, est donc catholique en ce qu’elle adhère aux principes d’un projet éducatif qui s’articule en référence à une transcendance révélée dans l’histoire, garante du sens de l’existence du monde de l’expérience que nous partageons.

En cela l’école catholique se démarque de tout système d’éducation d’inspiration rationaliste professant une morale sans transcendance ni référence à aucun absolu. En cela l’école catholique ne peut qu’approuver l’esprit insufflé à la loi de 1905 par le sage Aristide Briand, qui donne à la laïcité de constituer un cadre juridique destiné à préserver la liberté de conscience dans un État où coexistent plusieurs familles d’esprit. C’est l’esprit de cette loi qu’on retrouve dans l’approche juridique de la Convention européenne des Droits de l’Homme.

À l’heure où l’on parle de l’humanisme comme d’une vertu, accordons à César ce qui lui revient, c’est-à-dire aux Pères de l’Église, Justin de Rome, Chrysostome de Constantinople ou Clément d’Alexandrie, d’avoir eu les premiers ce noble projet de développer les dimensions intellectuelle, morale mais aussi spirituelle de l’homme, projet que les humanistes contemporains ont édulcoré, faisant passer à la trappe la dimension spirituelle qui fait tant défaut à notre monde d’aujourd’hui.

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