De la nécessité de rétablir la disputatio

Pour Gérard Lévy, en signe d'amitié

   Derrière le fiasco culturel on peut se demander s’il n’y a pas, en arrière-plan, le sinistre de la résignation et de l’État et de la société civile. Depuis une trentaine d’années l’enseignement a presque renoncé à toute ambition intellectuelle ou culturelle. Ce qui domine c’est le souci utilitariste analogue à celui qui a fini par triompher dans l’enseignement des langues étrangères, comme un langage de survie pour commandos parachutés en territoire étranger !

Résignation, fatalisme, frilosité, sont des impressions d’aujourd’hui. Hier nos poètes et nos soldats donnaient le ton. Aujourd’hui ce sont les agents d’assurances. Brel nous avait bien dit qu’on finirait tous notaires !
Un souci connexe surgit de cette modernité occidentale, c’est la disparition du dialogue, laissant place à des successions de monologues interminables et stériles.

Or, la société civile est un terrain de confrontation des convictions diverses, dont sortent vainqueurs les “forts en gueule”, encouragés à dicter leurs ukases. Les gros bras usent de l’intimidation et de la violence, tout l’arsenal d’un totalitarisme de traîne, démagogue et truqueur, de moins en moins respectueux des règles qu’impose le vivre ensemble. C’est la force qui l’emporte. Pourquoi suit-on la majorité ? Est-ce qu’ils ont plus de raison ? Non, mais plus de force. “L’opinion est comme la reine du monde, mais la force en est le tyran” (Pascal).

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