La force du langage

Pour Jacques Vieu, Directeur du CMPP, en souvenir de la dernière conférence sur l'apprentissage de l'intelligence, avec toute ma sympathie


   L'outil de développement

De l’univers liquide de la matrice à l’adolescence, l’acquisition du langage est un voyage qui n’en finit pas. La parole constitue une décisive conquête. Quand l’individu découvre qu’à tout objet, toute personne ou action correspond un ensemble sonore propre, il se libère d’un monde clos aux limites de son champ perceptif.

Faut-il rappeler cette expérience que l'on prête à Frédéric II de Prusse, qui décida d’isoler des bébés, avec pour impératif de leur fournir tout ce dont ils auraient besoin, mais sans aucune marque d’affection ni parole. L’idée était de savoir quelle était la langue “originelle” qu'ils développeraient “spontanément”. Comme si un instinct de parole était ancré dans la tête à notre naissance ! L’histoire dit que ces bébés moururent dans l’année.

Le langage est un système permettant de représenter la réalité, mais aussi de rapporter des expériences, de dire les sentiments, la pensée, qui débouche sur l’abstraction. Le maniement du langage aide à décrire, à ordonner un discours, à classer, à synthétiser, en sorte que l’intelligence et le langage s’épaulent réciproquement.

L’innéité du langage a fait débat. Nous sommes la seule espèce vivante à développer des opérations grammaticales complexes. Y aurait-il à considérer que le langage appartient en propre à la biologie humaine ?
Il existe environ 6000 langues dans le monde. Aucun enfant n’est né en sachant l’anglais, le bantou ou le volapuk ! N’est-ce donc pas qu’il faut vivre au quotidien l’immersion pour acquérir une langue maternelle ?

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