Déclaration de Ghaleb BENCHEIKH, Président de la Conférence Mondiale des Religions pour la paix – France

La guerre au Proche-Orient nous recommande de savoir, dans une démarche exigeante, critique et salutaire, découpler les conduites de résistances légitimes face à l’occupation et à l’oppression, des questions proprement internes au contreprojet de société islamiste voulu par le Hamas. Convaincus que nous sommes du caractère encombrant et contre productif du parrainage incommodant de la cause palestinienne par un mouvement fondamentaliste radical. Mais il se trouve qu’il fait corps avec la détresse de tout un peuple qui souffre d’un véritable déni de droit et de justice depuis longtemps. Il se consolide aussi à cause de la pusillanimité et du louvoiement de la communauté internationale. Et, l’instabilité du monde et le désordre qui y prévaut, perdurent à cause de l’iniquité et de l’abus.

A ce propos, bien que le caractère " naturel " de la solidarité soit compréhensible de prime abord chez ceux qui laissent place à l’émotion et à la passion, il ne doit pas cautionner, dans la froideur d’esprit et la distanciation nécessaire, une conception d’une ligue par alliance viscérale, exclusive et partiale, fondée sur l’interdépendance ethnique ou confessionnelle. L’ardeur chauvine manifestée dans les situations de conflits pour soutenir les siens, coûte que coûte, altère le principe même de solidarité. L’aide véritable prodiguée a pour vocation de dirimer les raisons de l’injustice et de détruire les causes nourricières de la révolte. Elle doit viser le rétablissement de l’ordre et de la paix, sans plus. La constante et indéfectible assistance au frère ne recouvre son sens que dans la mesure où l’on court effectivement à son secours lorsqu’il est injustement battu et humilié et on l’inhibe sérieusement à commettre son forfait lorsqu’il est arbitrairement inique et oppresseur.

Alors, par hypothèse, eût-ce été le peuple israélien qui souffrît en subissant les affres de l’occupation, de l’oppression et de l’humiliation nous en eussions été spontanément solidaires, naturellement compatissants. C’est une position morale de principe qui ne souffre aucune tergiversation.

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