Pour Véronique et Bernard Schürr, en hommage amical
Quand Augustin affirme la présence de Dieu à soi, est-ce qu’il ne se trompe pas sur soi ? Est-on seulement sûr d’exister soi-même? Augustin rétorque qu’il est certain, “très certain”, d’exister, et que s’il se trompe c’est qu’ il est. Et s’il est trompé dans l’assurance d’exister, c’est bien en vertu de ce qu’il se trompe qu’il résulte qu’il est (1). Et il est pour être sauvé.
La pensée théologique d’Augustin part d’un principe dont il fait tout décliner : Dieu est présent à l’homme, dans l’âme du chrétien. Cette grâce l’assure de son salut dans l’éternité.
Cette présence de Dieu à l’homme donne au chrétien l’avantage de la connaissance ici-bas. Mais qui est celui qui a consenti ce don d’intelligence qui nous est propre ? Augustin conclut que c’est un être qui a prééminence sur notre raison. Est-ce suffisant pour l’appeler Dieu ? Ce ne peut être qu’à la condition qu’aucun être ne lui soit supérieur. Augustin n’envisage pas un Dieu trônant à des années-lumière de l’homme, qui se tournerait les pouces en se divertissant du spectacle de sa création. Dieu est celui qui donne à la raison le sentiment pieux et vrai de ce qu’est Dieu, la connaissance de l’infériorité de la raison humaine par rapport à cet Être éternel et immuable qui impose sur tout sa supériorité. Ce que rejoindra, plus tard, Thomas d'Aquin, montrant que toute tentative d’exprimer Dieu reste vaine devant sa suréminence inobjectivable. Il est vrai que, ainsi que l’écrit Paul aux Corinthiens (2), la connaissance de cet Être souffre d’une évidente imperfection.