Pour l'ami Germain P.,
Au sein même de notre pays, la France, les syndicats sont en perdition, les chiffres l’attestent. Le taux de syndicalisation est de 7% de la population active : le plus faible d’Europe. 7% encadrés par 7 confédérations ! Ce sont les 7 nains qui tirent chacun de leur côté. Mais où donc est Blanche-Neige ? Pourquoi cette situation ? Les syndicats ont changé leur orientation et déserté leur poste de défenseurs des précaires et des chômeurs, tandis que la précarité subsiste, à tel point qu’elle devient ordinaire dans de nombreux secteurs d’activité. Quant au chômage, il diminue, certes, mais sans que sa diminution atteigne le seuil à partir duquel il a un caractère d’exception éphémère.
Les syndicats éprouveraient-ils de la difficulté à mobiliser les salariés précaires ? Sans aucun doute plus que jamais. Ceci parce que les chômeurs et les travailleurs précaires ont difficilement accès aux réseaux de solidarité toujours suspects de constituer le cheval de Troie de partis politiques dont la gloire est ternie. Les travailleurs précaires ou les chômeurs sont ainsi entraînés à méconnaître leurs droits syndicaux. Cette mise à l’écart génère la sensation d’inutilité, la dévalorisation de l’identité sociale factorisée par l’absence de syndicats de chômeurs.
Parmi les causes de la désyndicalisation, il convient de retenir la formidable mutation des modes de production. Adieu Ford ! Mais il faut aussi noter, et la transformation des modes de production n’y est pas étrangère, qu’il y a moins de syndicalisme parce qu’il y a moins d’ouvriers. La classe ouvrière a fortement diminué, là où elle était encore forte après la seconde guerre mondiale, dans les mines, la sidérurgie, les textiles. Certains bastions syndicaux ont disparu en même temps que leur support s’est asphyxié. L’industrie, par essence, regroupait les travailleurs dans des rapports de production propres à la nature de production. Les liens que grâce au travail ils tissaient entre eux, étaient propices au développement du syndicalisme.