L’islam peut-il s’accommoder de la démocratie ?

Premier article d'une série que Xavier LARÈRE nous offre,

[Les citations du Coran proviennent de "La traduction des sens du NOBLE CORAN en langue française" publiée par le Complexe Roi FAHD en l'an 1422 de l'Hégire]

 

   L'énoncé du sujet soulève plusieurs difficultés. Peut-on parler de l'islam au singulier alors que cette religion a connu une partition, le chi’isme. Et que le chi’isme iranien est un cas intéressant de théocratie avec une composante démocratique, presqu'une théocratie parlementaire. Le sunnisme regroupe certes 90 % des musulmans, mais depuis que l'islam a constitué des fortes minorités dans plusieurs pays de civilisation européenne, il n'est pas évident de regrouper dans une même analyse l'islam de l'Arabie saoudite, celui de l'islam en France et en Europe, sans oublier l'islam africain et l'islam asiatique.

 

Notre propos sera donc axé sur le tandem islam sunnite/démocratie européenne.

 

Il faut ensuite constater que les problèmes de compatibilité entre démocratie et religion paraissent se poser essentiellement pour les monothéismes car ceux-ci:

- se disent issus de la révélation d'un dieu unique créateur du monde

 - affirment que le contenu de cette révélation est la Vérité unique

 - s'attribuent une vocation universelle, sauf pour le judaïsme qui doute de la sienne  

- soutiennent que ce dieu a des droits sur les hommes, ses créatures 

- estiment qu'ils ont le devoir, sinon le droit, de dicter aux hommes leur conduite.

 

La démocratie s'est pensée par rapport aux autres formes d'organisation des peuples telles que la théocratie, la monarchie, la tyrannie, l'oligarchie, le tribalisme, etc. Récusant les formes de souveraineté de ces systèmes, elle affirme que la seule souveraineté légitime pour un ensemble d'hommes est celle du peuple lui-même qui a pleine capacité pour gouverner soit directement, soit par des représentants choisi par lui. Ses théoriciens en déduisent:

- que le pouvoir civil, temporel, doit être indépendant de tout pouvoir religieux 

- que le peuple, parce qu'il peut seul choisir un gouvernement, détient aussi le pouvoir de renvoyer celui-ci

- que les droits de l'homme sont autonomes par rapports à d'éventuels droits de Dieu

 

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