Pour Olivier Riols, en hommage amical,
Les Etats se distinguent de plus en plus, s’empêtrent jusqu’à s’opposer toujours plus profondément dans leurs rapports mutuels, favorisant dans le même temps la montée des nationalismes. Cette fragmentation des Etats est un phénomène récent auquel on assiste presque impuissant, contrariant l’esquisse d’une homogénéisation systémique. Devant une telle dégradation un besoin de régulation se fait sentir
Nous observons tous, politiques et citoyens, l’incapacité croissante de l’action politique ; nous nous accrochons avec véhémence à l’Etat-nation et à ses frontières géographiques, devenues plus poreuses que jamais. D’où la réaction non seulement des ONG qui se multiplient, prenant le relais de l’insuffisance des États, mais aussi des organisations internationales qui comptent sur un brin d’influence pour fonder un semblant de gouvernance par-delà l’Etat-nation.
La scission progressive de la société paralyse la politique, entraînant un désintérêt croissant des électeurs. D’autant que la gouvernance de l’Europe menée derrière des guichets fermés nous révèle, à nos dépens, la légitimation du poids grandissant de la technocratie.
Autre conséquence : le déchaînement du capitalisme traduit par les marchés financiers. Le capitalisme s’appuie sur un préjugé selon lequel le profit suscite l’initiative qui justifie la fabrication de plus en plus de richesses qui, en se répartissant par le libre marché élève le niveau du corps social tout entier. Seulement voilà, la propriété, la gouvernance, le bénéfice des entreprises dans le système capitaliste n’appartient qu’au capital. Et ceux qui ne le possèdent pas se trouvent dans une sorte d’état d’aliénation à l’intérieur même de l’activité à laquelle ils contribuent. Le capitalisme du point de vue de l’homme n’offre pas de solution satisfaisante.