Souffre-t-on d’éco-anxiété ?

Pour Marie, que j’embrasse

   Il y a urgence en effet. Laquelle appelle à dénoncer l’inertie des politiques, ou la protestation contre l’irréalisme des mesures prises. L’opinion se divise entre éco-anxiété et déni, révolte et résignation. La limitation du réchauffement à 1,5 degré est-elle encore possible ? La pause du Pacte vert européen rassure-t-elle l’opinion publique ? Pas sûr.

Quelles sont les vraies urgences ? Le dernier rapport de synthèse du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) permet de sortir de l’éco-anxiété, à condition de s’appuyer sur une solidarité mondiale où les tensions sont nombreuses et fortes. Une action climatique bien conçue offre des moyens concrets.

Il convient avant tout d’enrayer cette spirale qui produit un sentiment d’impuissance, multiplie les lignes de division au sein de l’humanité, et rend inévitable le dépassement des deux degrés prévus de l’Accord de Paris.

« Deux degrés » ou « un degré et demi » ? Un protocole fixait des quotas d’émissions contraignants. Pas simple. Helmut Kohl craignant jadis que soit pénalisée son industrie, promit cependant une baisse de 25 % des émissions de la RFA avant 2010. Les réflexes des ONG, des climatologues et des ingénieurs jouèrent en faveur d’une approche par quotas. Rien n’y fit. On adopta l’objectif « bien en dessous de deux degrés » et on demanda au GIEC de se pencher sur un réchauffement à un degré et demi. Adopté en 2018. Greta Thunberg fit pression sur les États : « Les solutions sont sur la table, il faut les mettre en place d’urgence. Tout est affaire de volonté politique. ». Le GIEC souligne les différences de dommages entre un degré et demi et deux degrés. L’idée que « les solutions sont sur la table » a disparu. « Il faut cependant agir urgemment, quoi qu’il en coûte ». 

Chacun est appelé à la responsabilité, se posant préalablement la question du sens et de l’exercice de sa liberté pour éviter le brouhaha et discerner le bon usage des informations. « En vertu de quoi quelque chose doit-il être ? » s’interrogeait Hans Jonas. Jean-Paul Sartre fondait sa réponse en identifiant l’homme à l’être social. Il découvrait en même temps le sentiment d’obligation qu’on préfère souvent refouler. L’obligation vient de l’entrechoquement de nos libertés sous-tendues par une seule volonté entraînée par le défi climatique qui appelle à « com-promis », c’est-à-dire à des promesses en commun.

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